top of page

La vallée du Vignon et ses moulins

L’HISTOIRE DES MOULINS DU VIGNON

 

Chaque moulin a son histoire, mais un certain nombre d’éléments constants se retrouvent selon les époques.

A l’origine de la création des moulins dans le Haut Moyen Age, il y a les abbayes et lesseigneurs.Ce sont probablement les moines qui ont conçu et fait édifier les bâtiments et le système complexe de digues levées, payssières, et relations entre moulin supérieur et inférieur. Dans notre région viennent d’abord les moines de Solignac, puis de Beaulieu (entre 800 et 900), ensuite ceux de Souillac et Tulle (vers 900-1000), puis, les seigneurs féodaux usurpent une grande partie des droits que les abbayes avaient sur les moulins (1000-1100). Enfin, vient une période de restauration et d’installation de nouveaux moines cisterciens d’Obazine (1150), artigiens de Maradène (1200 ?).

...

Le Moyen Âge

A partir du XIIIe siècle, l’expansion monacale est terminée. Le recrutement se tarit au bénéfice des ordres mendiants ou prêcheurs installés en ville. En revanche, c’est l’apogée de l’ordre féodal. Depuis le XIe siècle, les vicomtes et leurs chevaliers se partagent les rentes de leurs villages, de leurs moulins et de leurs prés. Ils en ont la banalité du moulin, du four et du pressoir, c’est-à-dire qu’on est obligé de passer par eux pour moudre, faire cuire les céréales, et faire son vin. Sur le Vignon, qui est une frontière entre la vicomté de Turenne et la baronnie de Cazillac, ce sont ces deux puissants seigneurs qui sont maître des eaux et des moulins, enthéorie. Mais ils sont obligés de partager leur richesse avec des chevaliers ou des damoiseaux qui sont leurs vassaux, et défendent pour eux les petits repaires établis autour de leur château principal. Ainsi, les Antissac à Paunac, ou les Machat à Mas La Fon. Au XIIIe siècle toujours, c’est l’apogée de Martel, ville récente, ville de marché, dont les bourgeois commencent à édifier de belles fortunes, fondées surtout sur le commerce des bestiaux engraissés dans les prairies de la Tourmente et du Vignon. Prairies et moulins les intéressent beaucoup. Ils prêtent de l’argent aux seigneurs, et finissent par obtenir d’eux des rentes sur leurs biens. Avec un peu de chance et de persévérance, ils finissent paracheter des fiefs entiers, et deviennent sieurs à défaut de seigneurs. Ainsi, les Julien, les Laborie, les Arnauld, les Lespinasse, les Vidal etc.… 

 

La guerre de Cent Ans, et ses suites

Cette expansion est brisée, vers le milieu du XIVe siècle, par l’interminable guerre franco-anglaise, qui décime les campagnes, et ruine le commerce. On imagine l’état des moulins qu’il a fallu fortifier pour tenter de continuer à moudre, et de tout le complexe système hydraulique qui les entoure. A la fin de la guerre vers 1450, on manque tellement de bras, que seigneurs et bourgeois sont obligés d’arrenter à nouveau des villages entiers à une seule famille de paysans venus parfois d’Auvergne ou du Limousin. Ces familles, peu nombreuses, sont prolifiques. En moins de cent ans, elles ont repeuplé la région. Pour peu que plusieurs frères s’associent, au XVIe siècle, pour économiser, acheter les rentes et les prés, la famille entame une ascension irrésistible. Les triades les plus efficaces sont celles qui regroupent un frère curé, un frère notaire, et un frère marchand.

 

Du XVIe au XVIIIe siècle.

Ainsi vont se former des dynasties de meuniers qui deviennent bourgeois, puis sieurs de quelques domaines. Ainsi, les Sérager, les Dunoyer, les Labrunie, les Laborie, les Montmaur, les Materre, lesTouron. Associés aux vieilles familles de Martel, comme les Lascoux, les Arcambal, les Salvat ou les Fournier, elles finissent par accéder parfois à la noblesse, peu avant la Révolution.

 

La Révolution et le XIXe siècle.

De 1789 à 1815, a lieu le second grand chambardement de la propriété rurale. Il ne dure pas 100 ans, mais il est radical. C’est la disparition de la banalité et des rentes féodales. Avant la Révolution, il y avait le seigneur éminent, noble ou abbé à qui on versait une rente assez faible en nature, mais aussi des droits de justice et de mutation. Ensuite, venait le seigneur utile, celui qui avait acheté le pré ou le moulin, et qui en tirait des revenus. C’était le plus souvent un bourgeois. À défaut d’être propriétaire, il était au moins fermier. Venait ensuite le tenancier ou paysan qui exploitait le bien, et ne recevait qu’une faible part de son travail, surtout si le dit bien avait été sous-affermé. Après la Révolution, il n’y a que le propriétaire et le tenancier. La propriété des moulins est passée massivement à la bourgeoisie. Au moment où les nobles émigrent, ils vendent ou engagent leurs biens. S’ils ne l’ont pas fait, leurs biens sont confisqués, et vendus assez tardivement, vers 1795-1796, surtout. Les familles d’émigrés, les Estresse, les Montmaur, les Materre, à leur retour d’exil, retrouvent une partie de leurs biens seulement. Les rentes n’existent plus. C’est l’époque où bien des moulins sont achetés par les meuniers eux-mêmes. Au cours du XIXe siècle, la vie des meuniers est difficile. Il faut chercher des clients sur des routes qui ne sont pas bonnes. Il faut résister à la concurrence des minoteries, ou s’équiper de manière plus moderne. Il faut supprimer d’éventuels concurrents en rachetant leurs moulins, même s’ils ne doivent pas travailler. Au XXe siècle, la situation s’aggrave, même si les petits moulins ont bien tourné pendant les deux guerres. Cette fois, il faut renoncer à la clientèle des boulangers, et de tous ceux qui leur achètent du pain blanc. Seules les minoteries résistent. Vers 1960, tout s’arrête définitivement le long du Vignon sauf les minoteries de Friat et Beyssac.

 

Par Marguerite et Michel GUÉLY
BRIVE 2005

En cours d'élaboration

Les 12 Moulins de la Vallée du Vignon

bottom of page